Berenice Celeita est défenseuse des droits humains depuis 35 ans et a fondé l'organisation de défense des droits humains Nomadesc en 1999. Cela fait 21 ans que PBI accompagne Celeita et son organisation. Celeita est scandalisée par la pauvreté et la violence qui se manifestent quotidiennement dans le sud-ouest de la Colombie. Elle rapporte que la situation continue de s'aggraver avec la pandémie.
«Nous ne pouvons pas laisser les masques nous réduire au silence»
Lorsque Celeita raconte l'impact de la pandémie sur les communautés pauvres et déplacées de force, sa douleur et sa colère sont palpables. À cause de covid-19, les gens n'ont même plus la possibilité de travailler de manière informelle. «Les gens meurent de faim», explique Celeita avec inquiétude. Pour Nomadesc, il a été particulièrement difficile cette année d'accompagner les personnes touchées car, paradoxalement, les communautés relocalisées ont également perdu leur droit à un soutien social et juridique.
Celeita ne doute pas que le covid-19 est une maladie grave, mais elle trouve que beaucoup de décrets d'urgence du gouvernement «mettent en péril la défense de la vie». Au début de la pandémie, l'accompagnement communautaire sur le terrain, une partie essentielle du travail de Nomadesc, n'était pas autorisé. En attendant un permis spécial du gouvernement local pour répondre aux besoins des communautés, Nomadesc a choisi la voie virtuelle. Cette décision a présenté plusieurs difficultés, non seulement en raison d'une mauvaise connectivité, mais aussi pour des raisons de sécurité. «Des conversations virtuelles ne sont pas toujours sûres, car beaucoup d'entre nous sont surveillé∙e∙s et nos appels sont interceptés», explique Celeita.
Persécution et violence dans le Cauca
Celeita est préoccupée par la situation dans le sud-ouest du pays. Sur les 72 massacres commis en Colombie l'année dernière, 30% se sont produits dans cette région et la majorité d'entre eux dans le Cauca. Fin 2019, les gardiens autochtones ont été victimes d'une vague de crimes. Les 'guardias indígenas' remplissent une importante fonction de protection dans la région. La persécution des dirigeant∙e∙s et des communautés du Cauca a une longue histoire et est liée à des mégaprojets dans le secteur minier, dit Celeita.
Celeita prévoit de continuer à défendre les droits humains des communautés du sud-ouest de la Colombie: «Je crois que la seule façon pour ces communautés de défendre leurs droits en Colombie est d'exprimer publiquement leurs opinions». PBI espère que l'année prochaine, les restrictions seront à nouveau moins nombreuses.
Plus d'informations:
L'article complet en anglais et en espagnol, PBI Colombie, 14 décembre 2020.