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Colombie : David Ravelo, finalement libéré !

Colombie : David Ravelo, finalement libéré !

Après plus de sept années en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis, David Ravelo a été libéré le 20 juin dernier. Son cas est emblématiquede la criminalisation et des difficultés rencontrées par les défenseurs et défenseuses des droits humains en Colombie.

Le 20 juin 2017 représente une date importante pour tous les défenseurs et défenseuses des droits humains : David Ravelo a en effet été libéré après sept années passées en prison pour un crime qu’il n’avait pas commis. C’est en 2010 qu’il avait été jugé coupable du meurtre de David Núñez Cala, un fonctionnaire d’état de Barrancabermeja, et incarcéré pour 18 ans.

Cependant, de nombreuses voix se sont fait entendre au cours des ans pour dénoncer un complot à son encontre : en effet, les paramilitaires qui ont témoignés contre lui sont les mêmes que Ravelo avait dénoncé pour des violations de droits humains. Ses avocats se sont battus pour faire entendre raison au tribunal, multipliant les rappels et autres moyens de recours, jusqu’à se rendre à la Cour Interaméricaine des Droits Humains en 2015.

Aujourd’hui, David Ravelo est libéré conditionnellement et va continuer à se battre pour la défense des droits humains. Il va aussi lutter pour prouver que les charges retenues contre lui ont été trafiquées afin de le faire taire et de l’empêcher de faire son travail de défenseur des droits humains. Le cas David Ravelo est représentatif de la criminalisation des défenseurs et défenseuses des droits humains.

Une première arrestation en 1993

En 1993 David Ravelo est accusé de rébellion pour liens avec les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC). Gardé en détention jusqu'en 1995, soit durant 27 mois, le défenseur a toutefois été acquitté de toute charge pour manque de preuves. Le gouvernement a été exhorté d'offrir une compensation à M. Ravelo pour détention arbitraire, mais les années qui ont suivi sa première arrestation ont toutefois été emplies de menaces de mort, que ce soit envers lui directement ou contre sa famille proche. 

Deuxième mandat d'arrêt en 2010

Malgré le manque de motifs prouvant sa culpabilité, Ravelo est à nouveau arrêté en septembre 2010. En plus d'être accusé d’entretenir des contacts avec les FARC, il est également suspecté d'avoir participé au meurtre du candidat à la mairie de Barrancabermeja, David Núñez Cala, en 1991. Le mandat d’arrêt pour conspiration et homicide est basé sur la déposition faite par les paramilitaires Mejía Mario Jaimes et Fremio Sánchez Carreño, et a été délivré par le procureur de l’unité anti-terrorisme du Ministère public colombien. Selon la défense de Monsieur Ravelo, il semblerait que le procureur en question n'aurait pas légalement eu le droit d'exercer ses fonctions.

Le procès débute en Août 2011 mais ce n’est qu’en décembre 2012, après plus de 26 mois de privation de liberté, que David Rovelo est finalement jugé coupable. La sentence est de 18 ans de prison, et ce pour un crime qu’il certifie ne pas avoir commis.

Demande d'abolition de la sentence 

Le 11 février 2014, la défense de M. Ravelo, Alirio Uribe, a présenté devant la Cour suprême de Bucaramanga (Santander) une demande d’abolition de la décision du tribunal. David Ravelo affirme que les accusations retenues contre lui sont basées sur de faux témoignages, et qu’elles découlent du fait qu’il ait identifié l’ancien président Alvaro Uribe en entretien avec des paramilitaires en 2007. De plus, les décideurs nationaux et internationaux ainsi que des membres du corps diplomatique affirment que la procédure pénale ne respecte pas le droit à un procès juste et que de nombreuses irrégularités dans le procès ont eu lieu. Premièrement, selon la défense de David Ravelo, les deux témoins principaux sont deux paramilitaires dont les récits se contredisent et manquent de constance. Tous deux ont été accusés d’assassinat et autres crimes préalablement dénoncés par CREDHOS et par Ravelo lui-même. Selon l'avocat de Monsieur Ravelo, il est clair que les groupes paramilitaires colombiens prennent systématiquement pour cible les défenseurs des droits humains, et qu’ils cherchent maintenant à les faire taire, voir disparaître, par la voie de la justice (criminalisation).

De plus, un autre témoin du procès affirme avoir été approché par ces derniers, qui auraient tenté de le soudoyer afin qu’il accepte la responsabilité du meurtre de Cala et qu’il incrimine Ravelo. La défense met également le doigt sur le fait que le procureur et le bureau de l’inspecteur général se basent sur le témoignage de trois individus et ne font pas référence à plus de 30 témoins qui affirment que les propos de ceux-ci sont faux. 

C'est pourquoi PBI ainsi que d’autres organisations internationales demandent, dans une déclaration publique, la mise en œuvre du recours soumis et la libération de David Ravelo.

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