Le Comité de Solidaridad con los Presos Políticos (CSPP) est à nouveau au centre d'une campagne de criminalisation. L'ex-président colombien Álvaro Uribe Vélez tente de délégitimer le travail de l'organisation par des accusations infondées et des dénonciations de méthodes illégales.
Le Comité de Solidaridad con los Presos Políticos (CSPP - Comité colombien de solidarité avec les prisonniers politiques) fait actuellement face à un nombre croissant d’actes de diffamation, d'intimidation et de menaces, suite aux déclarations de l'ancien président colombien et actuel sénateur Álvaro Uribe Vélez, ainsi que d'autres membres de son parti d'extrême droite, le Centro Democrático. Début octobre, Uribe a accusé l'organisation de manipulation de témoins et de corruption lors d'une enquête à son encontre sur d'éventuels liens avec des groupes paramilitaires. Cette ingérence illégale présumée a fait l'objet d'une enquête par la Cour suprême en 2018 et a été jugée sans fondement.
Protection pour la famille Monsalve
L'allégation en question concerne l'escorte de Juan Monsalve et sa famille. En 2011, alors détenu en prison, Monsalve avait parlé à une délégation formée de membres du Congrès et d’organisations de la société civile au sujet des liens possibles entre Uribe et les groupes paramilitaires. Craignant pour sa sécurité, la famille Monsalves a par la suite demandé de l'aide au CSPP. En raison de la situation d'extrême urgence, celui-ci a décidé de prévoir des mesures spéciales de protection, financées par des organisations internationales, jusqu'à ce que l'État colombien assume leur protection. Toutefois, les autorités n'ont assumé aucune responsabilité ; au contraire, le travail du CSPP s’est retrouvé de plus en plus menacé par cette affaire, tout comme la sécurité de ses employés. Dû au manque d'action des acteurs étatiques, l'organisation n'a pas pu continuer à accompagner la famille Monsalve au-delà des six premiers mois. Le CSPP a été en mesure de fournir des preuves crédibles de cette version des événements, de sorte que la Cour suprême n'a vu aucune corruption de témoins mais un exercice légitime du travail en faveur des droits humains.
Les déclarations actuelles d'Uribe sont donc sans fondement. Il semblerait vouloir criminaliser à nouveau le travail du CSPP et de son président Franklin Castañeda. En témoigne plus d'une centaine de messages de menaces, d’intimidation et de diffamation qu’a reçu l’organisation depuis ces allégations publiques. La criminalisation des défenseurs·euses des droits humains et les poursuites judiciaires pour de fausses accusations sont une stratégie répandue en Colombie. L’objectif n'est pas seulement de saper la légitimité et la crédibilité des militant·e·s, mais aussi de les affaiblir, de les isoler et d’entraîner des formes de violence physique à leur encontre.
Le travail du CSPP
Créé en 1973, le Comité de Solidaridad con los Presos Políticos est la plus ancienne organisation de défense des droits humains en Colombie. En plus d'accompagner les prisonniers politiques, le CSPP documente les violations des droits humains dans les prisons et conseille les victimes, en particulier sur des cas relatifs à des crimes d'État. En raison de son exposition à diverses menaces, l’organisation est soutenue par PBI depuis 1998.
Plus d'informations
“Necesitamos garantía para nuestra vida y para realizar nuestra labor”: Franklin Castañeda, PBI Colombie, 18.11.2019