Alors que les négociations suivent leurs cours à La Havane et que des bruits d’un accord prochainement signé entre les FARC et le gouvernement se font entendre, la Colombie se prépare à sortir de son long conflit armé et à entrer dans une époque nouvelle et inconnue : celle de la paix.
En effet, pour bon nombre de Colombiens, le mot paix recouvre une infinité de sens : cessez-le-feu et fin des bombardements, réparation aux victimes, garanties de non-répétition, justice sociale, concrétisation des droits économiques, sociaux et culturels, défense des territoires et de la nature. Un bon nombre de ces thématiques ont été évoquées au cours de l’Ecole de formation politique Andrés Flores qui a eu lieu dans le département Sur de Bolivar. Durant cinq jours, les participants - notamment des membres de l’Association des paysans de la vallée du fleuve Cimitarra (ACVC), accompagnés de deux volontaires PBI - se sont réunis pour parler de la violence du conflit qui les a touchés et évoquer leurs espoirs pour 2016.
L’ACVC sensibilise les paysans de sa région à l’importance de s’associer dans des structures organisées ou les forme sur la perspective de genre ou les institutions colombiennes. L’organisation cherche également à intéresser les paysans aux avancées des négociations de paix et écoute et relaie leurs peurs, leurs espoirs et leurs idées pour qu’ils se sentent intégrés dans le processus et adoptent un rôle actif dans la transformation de leur pays vers la paix.
Réfléchir ensemble au sens de la paix
L’Ecole de formation politique Andrés Flores a permis de rassembler plusieurs organisations sociales du Magdalena Medio pour leur permettre de réfléchir ensemble aux scénarios possibles et aux défis qui surgiront si les accords étaient signés. Chaque organisation diffère des autres en termes d’approche et d’opinions, mais toutes partagent la même vision d’une Colombie nouvelle et en paix, d’un pays où règne la justice sociale et qui a mis un terme aux violences qui ont laissé tant de destruction derrière elles. Tous les participants ont analysé les accords de paix et ont considéré l’ensemble des organisations et mouvements actifs dans la région pour en ressortir leurs forces et faiblesses et voir comment les combiner pour améliorer leur travail. Tous ont également réfléchi aux divers modèles de paix qui fonctionnent bien dans la région afin d’en déduire des pistes pour les répliquer pour que plus de personnes en bénéficient.
«La gauche colombienne a beaucoup d’expérience dans la résistance et la lutte, mais elle ne sait pas à quoi s’attendre dans une ère de paix. C’est quelque chose de totalement inconnu pour toutes les personnes engagées!», résumait César Jerez, de l’Association nationale des zones de réserve paysanne. Le défi en 2016 pour l’ACVC et tant d’autres organisations, est de rallier tous les recoins du pays pour convaincre les habitants qu’une paix véritable et durable n’est possible qu’avec leur participation active dans la défense des territoires et des vies.