Le jeudi 24 novembre 2016, gouvernement colombien et guérilla ont signé la paix pour la deuxième fois suite au refus de la première version par les électeurs. Mais l’enthousiasme s’est vite essoufflé : la recrudescence des attaques et assassinats de défenseurs des droits humains est venue assombrir le tableau. Argemiro Lara, leader paysans, a été victime d’une tentative d’assassinat, suite à quoi PBI a rapidement activé son réseau d’alarme afin de garantir sa sécurité.
Le cas d’Argemiro Lara
Leader de la restitution des terres, président du conseil de l’Asociación de Campesinos de la Finca La Europa de Sucre et membre du Comité permanent des droits de l'Homme et du MOVICE (deux organisations que PBI Colombie accompagne), Argemiro Lara a été victime d’une tentative d’assassinat le 17 novembre 2016. Cette attaque fait suite à de nombreuses menaces dont il était victime en raison de ses activités, à savoir la défense des revendications communautaires concernant la propriété de La Europa. Si la communauté a déposé en 2013 une requête afin d’obtenir la propriété légale de La Europa, les habitants subissent depuis plus de 25 ans menaces, disparitions forcées et assassinats. Pour Argemiro Lara, ce ne sont pas seulement les leaders qui sont menacés, mais les paysans également. Et ces derniers sont souvent les moins protégés. Par conséquent, Argemiro demande des mesures de sécurité collectives qui protègent les communautés. Afin de rendre la communauté internationale attentive à ces violences, PBI a activé son réseau d’alarme.
>> Retrouvez l'intégralité de l'interview de Argemiro Lara par PBI-Colombie (espagnol) / (anglais)
Nouvelle vague d’attaques
Alors que le président colombien Juan Manuel Santos et le chef des FARC Timoleón Jiménez s’apprêtaient à signer un nouvel accord de paix, la Colombie a fait face à une inquiétante recrudescence des assassinats de dirigeants sociaux et communautaires et de défenseurs des droits humains, plus particulièrement de défenseurs du droit à la terre et des activistes environnementaux. Entre le 17 et le 21 novembre, quatre leaders paysans ont été assassinés, tandis que trois autres, y compris Argemiro Lara, ont survécu aux attaques les visant.
Cette nouvelle version de l’accord de paix, signée le jeudi 24 novembre, doit encore être ratifiée par le Parlement et non plus soumise au référendum. En effet, la construction de la paix ira au-delà du consensus de la société colombienne et de la classe politique. A l’heure où l’on attend la ratification, l’augmentation de ces attaques est particulièrement alarmante puisqu’elle pose de graves problèmes de sécurité pour les défenseurs des droits humains en Colombie et l’absence de garanties ne cesse d’entraver leur travail. Dans ce contexte, il ne leur est pas octroyé les garanties de protection suffisantes pour leur participation à ce processus. Or, une paix durable ne sera possible que si ces garanties de protection sont respectées.
Empêcher la construction de la paix
Ces agressions sont clairement dénoncées comme une stratégie qui vise à retarder ou à empêcher l’avancement du processus de construction de la paix. La Colombie fait actuellement face à une atmosphère générale de peur vis à vis du futur, et pour beaucoup, les accords ne semblent pas changer le climat de polarisation et d'instabilité, alimenté par l’affrontement entre partisans et opposants aux accords de paix. De plus, les lieux jusque-là contrôlés par les FARC semblent être aujourd’hui occupés par des groupes paramilitaires et par l’ELN, ce qui augmente la violence et les attaques contre les leaders et les communautés dans ces zones.
C’est un moment crucial pour la Colombie : les défenseurs des droits humains ont plus que jamais un rôle essentiel à jouer dans le contexte post-accord.