Fin avril au Parlement européen, se tenait la Conférence sur les défenseuses et défenseurs des droits humains (DDH) et activistes contre l’accaparement des terres dans le contexte des investissements européens dans des pays tiers. Lors de cette réunion, Berta Zúñiga Cáceres - fille de la Hondurienne Berta Cáceres - et le prêtre colombien Alberto Franco, étaient présents pour témoigner. Depuis 2002, plus de 1000 défenseurs de la terre et de l’environnement ont été assassinés dans le monde. Deutsche Welle les a interviewés.
L’accaparement - un problème global
50 % des terres sur notre planète appartiennent à des communautés agricoles ou autochtones. Néanmoins, seulement 10% de ces personnes ont été reconnues comme étant légalement propriétaires. Une reconnaissance nécessaire car elle donnerait à la communauté le droit d’expulser les étrangers hors de leurs terres et de recevoir des indemnisations en cas d’expropriation. Cependant, même dans les cas où ce droit est reconnu, le gouvernement ne montre aucune volonté à le respecter lors d’accaparement de terres et offre même des concessions à des entreprises, qui sont parfois européennes.
Directives non appliquées
Lors de cette conférence, la spécialiste Hanna Saarinen de Oxfam International a souligné que les assassinats liés à l’accaparements de terre, auraient pu être évités si les directives approuvées au niveau international en 2011 et avalisées par l’Union Européenne en 2012, avaient été appliquées sur le terrain. Elena Valenciano – présidente de la Sous-Commission des droit humains au Parlement Européen – soutient qu’il est nécessaire d’obliger et de légiférer pour qu’il y ait des résultats concrets. La fille de Berta Cáceres – assassinée en mars dernier – mentionne un autre problème à Deutsche Welle : « Ma mère a essayé plusieurs fois de parler avec les financeurs européens [des violences générées par un projet dans sa région], mais ils lui ont toujours répondu qu’elle mentait ! »
Que faire?
La gravité de la situation de violence liée à la terre (expropriations, déplacements et accaparement des terres) et les phénomènes sociaux qui en dérivent et sont générés par une opposition aux intérêts des entreprises, a conduit le Parlement européen à aborder ce thème. Une partie de celle-ci souhaiterait que la Commission Européenne veille à ce que ses entreprises respectent les standards internationaux, comme indemniser la population pour les dommages subis par l’implantation d’un projet.
Scepticisme
«C’est avec beaucoup d’espoir que je voulais voir cette réflexion sur les mécanismes, mais je reste sur mes réserves. », explique à Deutsche Welle le père Alberto Franco, de la Commission interécclésiastique de justice et paix. « L’intérêt économique a été et restera dans beaucoup de cas au-dessus de la vie des peuples, de la planète et des êtres humains, c’est cela qui m’attriste le plus ! C’est pourquoi, le premier mécanisme dans lequel réside tout mon espoir est la résistance collective des communautés »