Le démantèlement du Programme national de réparations et d'indemnisations (PNR) menace la protection des victimes de la guerre civile. Les fermetures du PNR et d'autres institutions créées pour mettre en œuvre les accords de paix de 1996 s'accompagnent d'une augmentation des attaques contre les défenseurs·euses des droits humains au cours du premier semestre 2021.
Depuis le transfert du Programme national de réparations et d'indemnisations (Programa Nacional de Resarcimiento - PNR) au sein du ministère du développement social et le démantèlement d'autres institutions publiques chargées de mettre en œuvre les accords de paix de 1996 l'année dernière, la protection et la prise en charge des victimes de la guerre civile sont encore plus menacées qu'auparavant. Le PNR était censé donner la priorité au soutien des personnes les plus vulnérables, telles que les survivant·e·s et les proches des victimes. Cependant, la transition du PNR change le cadre institutionnel, ce qui non seulement met les défenseurs·euses plus en danger, mais aussi fait échouer le concept de réparation, selon les collectifs de victimes. «Le caractère et l'esprit de ce programme sont la dignité des victimes», déclare Feliciana Macario de l'organisation de veuves Coordinadora Nacional de Viudas de Guatemala (CONAVIGUA). Selon Azarias Perencén, secrétaire général de l'ancien syndicat SITRASEPAZ, ce transfert s'écarte complètement des objectifs initiaux du programme.
La Unidad de Protección a defensoras y defensores de derechos humanos de Guatemala (UDEFEGUA) signale que 551 attaques contre des défenseurs·euses des droits humains ont déjà été commises au cours du premier semestre de cette année. Les attaques enregistrées comprennent cinq meurtres de défenseurs·euses et trois tentatives de meurtre. La plupart des attaques (137) visaient des défenseurs·euses travaillant dans le système judiciaire, suivis des journalistes (87) et des agriculteurs·trices (49).
Préoccupation autour de la préservation de 85'000 dossiers
Une autre préoccupation concernant le transfert du PNR au ministère du développement social est la préservation des archives du programme. Celles-ci contiennent plus de 85'000 dossiers sur des cas de torture, de déplacements forcés, d'enlèvements et d'exécutions extrajudiciaires. Macario déclare: «Les dossiers ne sont pas seulement de vieux documents, ils contiennent les émotions des parents et des victimes. Leurs témoignages sont sacrés et nous craignons que ces documents ne soient perdus.» Pendant la pandémie, le personnel des bureaux régionaux du PNR a cessé de recevoir des salaires et, peu après, leurs contrats ont été résiliés.
Les représentant·e·s de la CONAVIGUA trouvent également très regrettable qu'il n'y ait toujours aucune garantie que les victimes soient entendues par l'État en 2021. Cette situation touche particulièrement les femmes victimes de violences sexuelles. Il était très difficile pour elles de parler de ce qui s'était passé. Elles ont pris de grands risques en témoignant et certaines ont dû se séparer de leur mari ou ont perdu leur famille. En ce sens, Rosalina Tuyuc, fondatrice de CONAVIGUA, souligne que les femmes sont invitées tout au long de leur vie à pardonner ce qui s'est passé, c'est-à-dire le génocide. Cependant, Tuyuc affirme qu'ils continueront à rechercher leurs morts et à exiger la vérité, car «le mot pardon continue à être très éloigné de notre réalité».
Plus d'informations:
- En riesgo el proceso de dignificación de víctimas y sobrevivientes, article complet de PBI Guatemala dans le Boletín 45, juillet 2021
- Guatemala: un pas en arrière pour la réalisation de la paix, PBI Suisse, 28.01.2021