Du 28 avril au 1er mai, Lesly Ramirez – défenseuse des droits humains guatémaltèque – est venue en Suisse sur invitation de PBI. Elle s’engage aux côtés de la Centrale paysanne Chorti Nuevo Día (CCCND) pour les droits des autochtones Chorti dans le département de Chiquimula. Sa visite en Suisse lui a permis de dialoguer avec les autorités nationales et internationales et d’autres acteurs intéressés pour les informer sur les conséquences négatives d’un projet de centrale hydroélectrique sur les terres de la communauté Chorti et sur leurs activités de résistance.
La raison première de sa venue en Suisse est la volonté de faire connaître la région Chorti ainsi que les enjeux auxquels la communauté autochtone est confrontée. Elle s’est réunie avec plusieurs représentants du Département fédéral des affaires étrangères et du Haut Commissariat des Nations Unies et a participé à un événement public à Lausanne pour effectuer un travail de sensibilisation sur les défis auxquels les communautés paysannes autochtones sont confrontées. La région du département de Chiquimula est affectée par un phénomène de sécheresse et la population indigène est, tout comme dans le reste du pays, démunie et discriminée. À ces conditions de vie difficiles s’ajoute la pression des entreprises qui veulent mettre en place des projets énergétiques sur le territoire des Chortis. Ces projets représentent une menace pour les moyens de subsistance de la population (territoire et eau).
Résistance contre une centrale hydroélectrique
Dans le département de Chiquimula, plusieurs projets hydroélectriques sont programmés ou en construction et notamment le projet El Orégano dans la communauté de Jocotán. Celui-ci est réalisé par l’entreprise guatémaltèque Las Tres Ninas S.A. qui bénéficie d’un permis du gouvernement d’exploiter le territoire afin de construire d’une centrale hydroélectrique dans le fleuve Rio Grande. L’entreprise appartient à l’America transnational Group et bénéficie donc également de capitaux étrangers.
En raison d’informations manquantes et de l’absence de consultation auprès des communautés affectées avant la mise en place du projet, une forte résistance s’est organisée dans la région. L’entreprise emploie plusieurs stratégies afin d’imposer le projet contre la volonté de la population. Elle a notamment réussi à acheter des terres de la communauté lors de ses négociations avec les autorités locales, et ce sans l’accord de la population autochtone.
Criminalisation progressive de la contestation sociale
La CCCND soutient la lutte des communautés Chorti et est donc de plus en plus la cible de tentatives d’intimidations, de menaces et de campagnes de diffamation. Cette situation s’est accentuée ces dernières années et plusieurs membres de l’organisation sont visés par des accusations ouvertes ou sont empêtrés dans des procès. Or, cela induit évidemment un affaiblissement des protestations légitimes et non-violentes dans la région. PBI accompagne la CCCND depuis 2009.
Pour plus d'informations:
Un Etat contre-insurrectionnel sans guérilla, Le Courrier, 6.5.2015