La quarantaine stricte imposée par le gouvernement hondurien pour lutter contre le Coronavirus aggrave la situation déjà précaire des familles rurales. Avec l'interdiction de se déplacer et la militarisation accentuée dans les campagnes, les paysan∙ne∙s ne peuvent pas s'occuper des champs et se voient ainsi privé∙e∙s de leur source principale de nourriture et de revenus.
Le couvre-feu absolu décrété au Honduras le 20 mars dernier a conduit la population hondurienne à être confinée chez elle. Les communautés paysannes, généralement éloignées des centres urbains, sont gravement touchées par ces mesures restrictives imposées par le gouvernement. Il leur est pratiquement impossible de se déplacer pour aller travailler, pour effectuer des démarches bancaires, pour s'approvisionner en nourriture ou en médicaments. L'impossibilité de pratiquer l'agriculture met en danger les communautés rurales, qui dépendent de cette activité pour subvenir à leurs besoins. A cela s'ajoute la présence de la police et de l'armée dans les campagnes, une militarisation qui s'est accentuée depuis le décret PCM-052-2019 publié en octobre 2019.
«Les terres sur lesquelles nous cultivons sont éloignées et lorsque nous allons travailler ou récolter nos produits, nous nous trouvons face à des barrages routiers qui nous obligent à rentrer chez nous. On nous menace même de nous arrêter.» - Nora Ramírez, coordinatrice du Conseil régional du Progrès de la CNTC (Central Nacional de Trabajadores del Campo).
Bien que le gouvernement ait annoncé la livraison de milliers de "sacs de solidarité" pour venir en aide aux plus démuni.e.s, la CNTC estime que la distribution sera effectuée de manière très sélective, privilégiant les personnes proches du gouvernement. Les défenseurs et défenseuses des droits humains et des droits à la terre seront ainsi probablement livré∙e∙s à leur propre sort.
Un accès à la santé fortement limité
Avec l'arrivée du Covid-19, le système de santé au Honduras, qui a été démantelé au cours des 10 dernières années et qui est pourtant si nécessaire pendant cette crise, s'effondre et peine à répondre aux besoins de la population. De nombreux centres de soins sont fermés, et ceux qui maintiennent leur activité manquent gravement de matériel de prévention médicale. Dans ce contexte, de nombreuses familles paysannes voient leur droit à la santé d'autant plus limité qu'elles vivent loin des hôpitaux et qu'il leur est difficile de se fournir en médicaments et protections sanitaires.
En cette période exceptionnelle, les personnes travaillant en faveur des droits humains, des droits territoriaux et de la souveraineté alimentaires sont plus essentielles que jamais. C'est pourquoi PBI Honduras insiste sur l'importance de continuer à être présente auprès des personnes qui défendent les droits fondamentaux.
Plus d'informations
- Las tierras y cosechas de las familias campesinas peligran con el COVID, PBI Honduras, 17.04.2020
- Égalité des sexes pour les agricultrices au Honduras: une conversation avec la militante Nora Ramírez, PBI Suisse, 12.01.2020
- Franklin Almendares: Une vie dédiée aux droits fonciers au Honduras, PBI Suisse, 16.12.2019