La création de zones d'emploi et de développement économique suscite des résistances au Honduras. La société civile avertit que ces zones impliquent la vente de territoires et la perte de souveraineté et de droits pour la population, ainsi que de graves conséquences sociales, économiques et environnementales. Les organisations internationales sont également préoccupées par ces zones spéciales et par le mépris de l'État hondurien pour les normes internationales.
«Honduras no se zede» (de l'espagnol ceder «se rendre», «abandonner») est la réaction majoritaire de la société hondurienne à la création de zones d'emploi et de développement économique (en espagnol Zonas de Empleo y Desarrollo, ou «ZEDE») dans le pays. Celles-ci sont définies par le ministère hondurien du développement économique comme des zones du territoire national soumises à un «régime spécial». Les investisseurs dans les zones sont responsables de la politique fiscale, de la sécurité et de la résolution des conflits au sein des zones, selon la loi ZEDE de 2013. Les trois plus grandes ZEDEs en activité sont Ciudad Morazán à Choloma, Orquídea à Colón et Próspera à Islas de la Bahía. Cependant, il en existe d'autres, comme les ZEDEs de Mariposa, sur lesquelles la société civile ne dispose d'aucune information. Le règlement ZEDEs permet une expansion territoriale illimitée, mais la population concernée n'est pas consultée. Par exemple, plusieurs communautés ont dit à PBI Honduras qu'elles n'avaient pas été informées des aspects de gouvernance des ZEDEs ou de la mise en œuvre de projets sur leurs terres.
Graves conséquences des ZEDEs
Le gouvernement de l'actuel président hondurien Juan Orlando Hernández affirme que le Honduras est en train de devenir le centre économique de l'Amérique centrale grâce aux ZEDEs. Cependant, diverses organisations de la société civile hondurienne estiment qu'elles entraînent une perte de souveraineté pour les Hondurien·ne·s, rendent la lutte contre la corruption plus difficile et augmentent la pauvreté. Les ZEDEs conduiraient également à la privatisation et à la vente d'actifs publics et naturels à des capitaux étrangers, ce qui aurait à son tour des impacts sociaux et environnementaux (tels que des déplacements forcés, une augmentation des conflits, la perte du patrimoine culturel, la déforestation, la pollution, la perte de biodiversité, etc.). Les zones touchées sont dans la plupart des cas riches en ressources naturelles et appartiennent à des communautés autochtones et afro-descendantes, qui sont depuis longtemps affectées par des conflits fonciers et des projets miniers et également exposées à de graves agressions et violations des droits humains.
Le peuple résiste
Le 13 juin, le Mouvement national contre les ZEDEs et pour la souveraineté (Movimiento Nacional Contra las ZEDEs y por la Soberanía) a été fondé pour sensibiliser aux violations des droits humains dans ce contexte. Le mouvement a appelé au rejet des zones et déjà plus de 180 municipalités se sont officiellement déclarées exemptes de ZEDEs. L'ex-ministre et spécialiste des ZEDEs Fernando García affirme que les initiatives citoyennes sont centrales pour abolir la loi des ZEDEs. En outre, la communauté internationale doit également s'exprimer clairement en faveur de la protection des droits humains, des droits des peuples autochtones et des droits environnementaux dans ce contexte. C'est ce qu'ont fait les Nations unies, qui ont demandé à l'État hondurien, le 8 juin dernier, de revoir le cadre constitutionnel et juridique des ZEDEs, car il met en péril le respect des droits humains.
Plus d'informations:
- "Honduras no se zede", article complet de PBI Honduras, 28.07.2021
- Las ZEDE podrían suponer serios riesgos para la garantía de los derechos humanos de parte del Estado de Honduras, Nations Unies Honduras, 08.06.2021
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