Au Honduras, la situation en matière de droits humains pour la communauté LGBTI – sigle anglophone pour désigner les personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou intersexes – est précaire. Non seulement, ses membres sont victimes de crimes de haine depuis des années, mais cette violence touche également les défenseurs des droits humains qui s’engagent pour leurs droits.
Depuis le coup d’état survenu en 2009, le Honduras a enregistré plus de 2000 meurtres de membres de la communauté LGBTI. Principales victimes : des hommes homosexuels. Si le chiffre est alarmant, le taux d’impunité dans ces affaires l’est aussi : plus de 90% des crimes commis ne sont pas jugés.
Pour compliquer encore les choses, près de 70% des violations des droits humains à l’encontre de membres de la communauté LGBTI sont le fait de la police et notamment les patrouilles de rue. En outre, une personne LGBTI arrêtée voit également augmenter les risques de violence sexuelle de la part d'autres prisonniers ou du personnel de sécurité.
La discrimination est omniprésente
Il existe plusieurs causes à cette discrimination de la communauté LGBTI. A l’instar d’autres pays, lorsque les premiers cas de sida ont éclaté au Honduras dans les années 80, le gouvernement a accusé la communauté homosexuelle d’être responsable de la propagation du virus. L’Eglise, les médias et les écoles ont également compliqué le processus d’acceptation des personnes LGBTI, qui sont souvent réduites à leur activité sexuelle.
Au Honduras, l’Eglise a une énorme influence sur la société et la politique et considère que l’homosexualité est une menace et un péché. Beaucoup de Honduriens pensent encore qu’il s’agit d’une maladie ! Habituées des discours homophobes, de la discrimination, de l’exclusion sociale et de la haine, les personnes appartenant à la communauté LGBTI ont souvent des difficultés à trouver et travail et tombent malheureusement dans la prostitution.
« Lorsque les médias sont contre toi, mais aussi l’Eglise et le Président, comment peux-tu trouver la force d’exprimer ton point de vue et d’essayer de trouver un soutien ? » - Indyra Mendoza Aguilar, de l’organisation lesbienne féministe Cattrachas (qui s'exprimait dans The Irish Times, le 12 mai 2015).
La position des personnes qui s’engagent pour les droits LGBTI est également très inconfortable. D’une part, elles sont mises en danger par leur engagement général pour les droits humains et, d’autre part, elles militent pour les droits d’une partie de la population qui n’est pas reconnue par la société et ne disposent donc d’aucun soutien et doivent également faire face à une certaine forme de marginalisation.
Asociación LGBTI Arcoíris
En 2003, des membres de la communauté LGBTI fondent l’Association Arc-en-ciel dans les villes de Comayagüela et de Tegucigalpa. Leur but est d’informer les personnes LGBTI sur des thèmes comme la prévention de la santé, la défense et la promotion des droits humains et de la diversité sexuelle. Ils travaillent également dans le domaine de la sensibilisation, afin de réduire la stigmatisation et la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle.
L’organisation représente aussi un endroit où ses plus de 600 membres peuvent être eux-mêmes, car dès qu’ils sortent de ses locaux, ils doivent à nouveau cacher leur identité sexuelle.
« Au Honduras, les homosexuels n’ont pas le droit à la vie. Nous voulons que notre dignité humaine soit respectée ! » – Donny Reyes, coordinateur d’Arcoíris.
Ce dernier a été très souvent victime d’agressions, y compris sexuelles, d’incarcérations et d’intimidations. En 2012, la Commission interaméricaine pour les droits de l’homme a exigé que des mesures de protection lui soient octroyées, mais jusqu’à maintenant, les autorités honduriennes n’ont rien mis en place. Comme les menaces de cessaient pas, il a dû s’exiler quelques temps à l’étranger.
Donny Reyes et l’organisation Arcoíris bénéficient, depuis 2015, de l’accompagnement protecteur de PBI. En septembre 2015, PBI a organisé une tournée de conférences avec Donny, ce qui lui a permis de sensibiliser les autorités et la société civile de plusieurs pays européens sur la situation de la communauté LGBTI au Honduras.