Aller au contenu principal

Honduras : Sale temps pour les journalistes et défenseurs des droits humains

Honduras : Sale temps pour les journalistes et défenseurs des droits humains

Face à la multiplication des attaques et censures à l’encontre des journalistes et défenseurs des droits humains, PBI Honduras rompt le silence et publie une alerte à l’adresse de la communauté internationale.

Les nouvelles venant du Honduras concernant les droits humains sont loin d’être bonnes. Dans une alerte publiée le 21 juillet, PBI Honduras tire la sonnette d’alarme sur la restriction croissante de la liberté d’expression dans ce pays d’Amérique centrale. Pour illustrer l’ampleur du phénomène, PBI Honduras  met en avant un cas emblématique. Celui de la journaliste et militante des droits humains Dina Meza, que PBI accompagne depuis 2014. Rien qu’au premier semestre de cette année, la militante a dénombré vingt tentatives d’atteinte à sa sécurité. Parmi elles, deux tentatives de sabotage de son véhicule, des filatures lors de ses déplacements et la surveillance de son domicile.

Qu’est ce qui peut expliquer cet acharnement à l’encontre de l’activiste? L’intéressée croît en connaître la raison. Tout est dû à la densité de ses activités en matière de défense des droits humains durant le premier semestre de l’année.

Infatigable Dina Meza

Parlant d’activités, l’infatigable Dina Meza en a fait beaucoup. Le 8 avril dernier, elle était à Genève pour la pré-session de l’Examen Périodique Universel (EPU) de son pays. L’EPU est un dispositif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui évalue, à intervalle de quatre ans, la situation des droits de l’homme de chaque Etat membre. Ce fut l’occasion pour la défenseuse de dénoncer les attaques et restrictions de la liberté d’expression. A son retour au pays, elle s’est retrouvée, tout comme d’autres associations ayant participé à la session, sous le feu des critiques du gouvernement hondurien. Deux mois plus tard, soit début juin, Dina Meza assiste et publie beaucoup d’articles sur le procès intenté contre la communauté Garifuna de Barra Vieja. Communauté poursuivie pour délit d’usurpation de leur terre ancestrale par l’institut hondurien du tourisme et la société nationale portuaire. Résultat des courses : le jugement a été rendu en faveur des communautés locales. Une victoire pour les défenseurs des droits humains honduriens mais un véritable camouflet difficile à digérer par les autorités. Aujourd’hui, la journaliste qui a contribué à mettre au jour des soupçons de corruption au sein de l’institut hondurien de la sécurité sociale, continue de bénéficier de la protection de PBI et celle de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Mauvais élève en matière de liberté d’expression

Mais à y regarder de près, le cas de Dina Meza est loin d’être isolé. Il résume globalement l’environnement délétère dans lequel évoluent les journalistes et militants des droits humains au Honduras. Pays, d’environ huit millions d’habitants, qui à en croire les rapports internationaux passe pour un mauvais élève en matière de respect de la liberté d’expression. Suite à l’affaire de corruption liée à l’institut de sécurité sociale, l’Etat invoquant la diffamation a procédé à la censure et à la fermeture d'un grand nombre de radios communautaires. Depuis 2000, Reporters sans frontières a enregistré 28 assassinats de journalistes et collaborateurs des médias dans le cadre de leur profession. Au premier semestre de cette année, la coalition hondurienne C-Libre, a recensé 98 attaques contre la liberté d’expression et huit assassinats de professionnels des médias. De plus, sur l’ensemble des 152 recommandations dressées au terme de l’évaluation périodique universelle en mai dernier, 22 portent à elles seules sur la situation de la liberté d’expression. Dans ces conditions, PBI Honduras demande l’implication de la communauté internationale dans le suivi de la mise en œuvre des recommandations de l’EPU. Mais d’ici là, le calvaire continue pour les journalistes et militants honduriens des droits humains.

Plus d'informations: