Jorge Santos, coordinateur de l’Unité de Protection des Défenseurs et Défenseuses des Droits Humains du Guatemala (UDEFEGUA) était en visite en Suisse au mois de mars dernier. Lors de son entretien avec PBI, il a évoqué le nombre croissant d’attaques contre les défenseurs et défenseuses des droits humains au Guatemala. Ces attaques ont pour but de priver les militant-e-s de leur crédibilité auprès de l’opinion publique et du statut social que leur confère leur engagement. Le dénommé « pacte des corrompus » contribue de façon significative à l’augmentation de ces attaques et rend particulièrement difficile la lutte contre la corruption au Guatemala.
Jorge Santos estime que le nombre d’attaques contre les activistes des droits humains, déjà élevé en 2017 (environ 480), augmentera à nouveau en 2018. À ce titre, plusieurs cas de diffamations, de criminalisation et même d’assassinats ont déjà été relevés ces derniers mois. Les cas de diffamation et de criminalisation ont pour but de porter atteinte à l’honneur et la légitimité des défenseurs et défenseuses de droits humains et de leur travail. Au Guatemala, le taux d’impunité des auteurs de ces agressions s’élève à (97%) ce qui contribue grandement à la systématicité de ces actes, selon J. Santos.
L'élite corrompue est immunisée
À titre d’exemple, Jorge Santos mentionne l’alliance, connue par la société civile comme « le pacte des corrompus », qui est un accord entre l’élite économique, institutionnelle du pays et les élites militaires et politiques. Toutefois, ce dernier est menacé par le travail de la Commission internationale contre l’Impunité au Guatemala (CICIG) et du Ministère Public. Selon ces deux instances, plus de 100 personnes tenteraient actuellement de fuir la justice. Cependant, il reste difficile de les appréhender car la plupart d’entre elles appartiennent, ou sont fortement liées, aux sphères du pouvoir.
Des réformes législatives qui favorisent l’impunité
Le 13 septembre dernier, 107 députés guatémaltèques ont approuvé deux réformes du Code pénal favorisant l’impunité et la corruption. Ces deux textes ont pour but de permettre la campagne électorale illégale, le financement des partis politiques et d’absoudre des criminels déjà condamnés. Les élites politiques semblent tenter de maintenir leur impunité quoiqu’il arrive. Depuis l’approbation de ces réformes, le nombre d’attaques contre les opposant-e-s au « Pacte des corrompus » et au réseau de crimes organisé est en forte hausse, souligne Jorge Santos.
Attaque contre Jorge Santos à son retour de la Suisse
Le 23 mars 2018, quelques jours seulement après son retour de Suisse, Jorge Santos a lui-même été victime d’une agression violente dans la ville de Guatemala. Alors qu’il accompagnait une association d’étudiant-e-s qui avaient reçu des menaces de mort, un individu l’a agressé en le frappant avec une batte en bois derrière la tête. À présent, il va mieux et continue avec force et courage son combat contre l’impunité et la corruption au Guatemala.
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