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Kenya : Avec Bunge la Wamama, les femmes prennent la parole

Kenya : Avec Bunge la Wamama, les femmes prennent la parole

Mouvement peu ordinaire donnant la parole aux femmes à Nairobi, la capitale kenyane, Bunge la Wamama Mashinani est la cible d’attaques du fait de son engagement. Pour poursuivre en toute sécurité ses activités, l’ONG et ses membres bénéficient depuis quelques mois de l'accompagnement protecteur de PBI Kenya.

Des femmes kenyanes unies pour faire entendre leur voix. Telle est la mission de Bunge la Wamama Mashinani, qui signifie littéralement « parlement des femmes ». Active depuis 2008 à Nairobi, capitale du Kenya, cette ONG permet aux femmes de se faire entendre dans une société où beaucoup reste à faire pour avancer la cause de la gent féminine. Les membres de Bunge la Wamama s’attèlent à promouvoir l’image des femmes ainsi que leur accès à l’éducation et à la vie politique et économique. Evoluant comme une plateforme, le mouvement encourage également l’échange d’informations entre les femmes.

Bunge la Wamama se préoccupe particulièrement du sort des femmes vivant dans les bidonvilles de Nairobi. Mais ce n’est pas tout. L’ONG s’investit également dans la lutte contre l’impunité, un traitement dont de nombreux auteurs d’abus sexuels sur les femmes bénéficient bien souvent au Kenya, pays d’Afrique de l’Est limitrophe du Soudan du Sud et de l’Ethiopie. L’organisation est en fait née du mouvement national Bunge La Mwananchi  que PBI accompagne et qui s’engage en faveur des droits sociaux et de l’enracinement de la démocratie.

Les femmes constamment dans la peur

«L’insécurité foncière constitue l’un des plus importants domaines dans lesquels les femmes ont le plus besoin de protection», déclare Gathoni Blessol de Bunge la Wamama dans une interview publiée par Protection International. « Les femmes ne peuvent pas s’exprimer publiquement et doivent toujours vivre dans la peur. Au travers de violences, d’abus sexuels, de persécutions et d’exactions de toutes sortes, elles sont réduites au silence, » poursuit l’activiste des droits humains.

Dans l’exercice de sa mission, il arrive que Bunge la Wamama prenne des coups, confie une autre activiste, Ruth Mumbi. « Nos membres sont souvent la cible d’attaques du fait de leur appartenance à un mouvement dont l’objectif est de lutter ouvertement contre l’injustice et les abus sociaux ». Pour faire entendre la voix des femmes et renforcer la sécurité de ses membres, Bunge la Wamama travaille constamment en réseau avec d’autres associations qui poursuivent les mêmes objectifs qu’elle.

Recul d’une loi progressiste

Au Kenya, l’année 2010 fut marquée par l’introduction dans la Constitution d’une nouvelle loi progressiste en faveur de la cause des femmes. Cependant, l’avènement au pouvoir, en 2013, du gouvernement Kenyatta s’est traduit par une remise en cause de ces avancées. Charlotte Ivern, volontaire française de PBI Kenya, évoque dans une interview accordée à PBI France les reculs sur le plan législatif que déplorent les ONG kenyanes. A commencer par le fait qu’actuellement toute manifestation publique doit être annoncée d’avance, uniquement en vue de permettre au gouvernement de l’interdire ou d’y faire obstacle. De même, les autorités rallongent sans cesse la procédure d’enregistrement légal des ONG et restreignent l’accès de ces dernières à l’aide financière internationale.  

En définitive, on assiste à une méfiance qui anime une frange de la société kenyane vis-à-vis du gouvernement Kenyatta. Laquelle méfiance ne faiblit pas principalement à cause de l’impunité qui entoure les violations des droits humains mais aussi du renforcement des restrictions de la liberté de presse.

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