La communauté non violente est située au milieu de la région déchirée par le conflit d'Urabá, dans le nord-ouest de la Colombie. Loin des établissements de santé et des aides de l'État, les habitant∙e∙s sont exposé∙e∙s à de nombreux risques, même en temps normal. La situation actuelle montre une fois de plus pourquoi la communauté a déjà réussi à surmonter tant de crises.
La Communauté de paix de San José de Apartadó est habituée aux menaces, à une liberté de mouvement restreinte et à la gestion des crises. Depuis sa création il y a 23 ans, la communauté lutte de manière non violente contre les groupes armés qui cherchent à influencer la région d'Urabá afin d'utiliser les terres et les ressources à leurs propres fins. En raison de leur résistance, plus de 300 membres de la communauté ont été tué∙e∙s jusqu'à présent. Pourtant, la communauté dans son ensemble a survécu et a surmonté avec succès les difficultés. Les raisons en sont parfois l'accent mis sur le collectif plutôt que sur l'individu, un processus de prise de décision dans lequel les différentes voix sont toujours entendues et pesées, ainsi que le souci et l'attention portés à la communauté.
Grande vulnérabilité des zones rurales
Ces caractéristiques sont actuellement très importantes, surtout dans les zones rurales, où les habitant∙e∙s sont souvent laissés à eux-mêmes ; les centres de santé sont éloignés, l'aide gouvernemental fait défaut ou prend trop de temps. La communauté de San José de Apartadó vit dans ces conditions depuis longtemps et a pris ses responsabilités très tôt. Avant même l'introduction de la quarantaine publique, la communauté a commencé à mettre en œuvre des mesures pour assurer leur protection et protéger la population en général. Ils ont notamment réduit les contacts entre les membres de la communauté et les personnes extérieures.
Un autre problème dans la région concerne les groupes armés qui profitent du manque de présence des acteurs étatiques et internationaux pour étendre leur contrôle sur la région. PBI est préoccupé par le nombre croissant d'incidents criminels, allant du non-respect du couvre-feu aux agressions et aux expulsions illégales. En outre, il y a une rumeur selon laquelle la Communauté de paix est responsable de la propagation du Covid-19 dans la région parce qu'elle reçoit un soutien international. Ces allégations ne sont toutefois pas entendues, car la confiance entre la Communauté de paix et les autres habitants de San José de Apartadó est grande et solide. Depuis des années, la Communauté de paix organise des activités communautaires, lutte contre les violations des droits humains commises dans la région et fait preuve d'une solidarité fondamentale. Elle sait depuis longtemps ce que nous apprenons pendant la pandémie du Covid-19: la santé de nos voisins est notre santé et la sécurité de notre communauté est la sécurité de notre famille.
Le soutien international reste central
Néanmoins, la situation de la Communauté de paix de San José de Apartadó est tendue. La tension accrue et le manque de présence internationale font courir le risque d'épidémies violentes. C’est pourquoi l’appui international reste essentiel. Les initiatives et les lettres qui mettent en évidence la situation en Colombie augmentent l'attention internationale et donc la pression sur le gouvernement colombien pour assurer la sécurité des résident∙e∙s. PBI accompagne la Communauté de paix depuis 21 ans et soutient également la communauté locale et internationale durant la pandémie de Covid-19.
Plus d'informations
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“No hay voluntad del Gobierno para someter a los gaitanistas”: obispo de Apartadó, El Espectador, 21.04.2020