La résolution 1325 fêtera ses 15 ans d’existence le 31 octobre 2015. Elle fut adoptée en 2000 par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’instigation d’organisations de la société civile dans le but de mieux protéger les femmes durant et après les conflits armés et de leur laisser prendre une part active dans les processus de paix. Les femmes ne devraient pas être considérées comme des victimes de violences, mais comme des actrices essentielles du processus de paix.
Depuis, six autres résolutions de l’ONU portant sur le thème des femmes, de la paix et de la sécurité ont été adoptées. Bien que leur mise en œuvre avance à petits pas dans beaucoup de recoins de la planète, il est important que ce texte international existe car il contient des mesures spécifiques pour les femmes. Avant les années 2000, le mot « femme » n’avait pas sa place dans la constitution de nombreux pays. Avec l’élaboration de ces résolutions, les femmes activistes ont maintenant une référence, elles savent que les agressions à leur encontre sont illégales et que tout un chacun a le droit de s’engager pour les droits humains.
Double menace pour les femmes activistes
Les femmes sont fortement exposées à l’impunité dans de nombreux pays. Lorsqu’elles demandent des comptes aux auteurs d’actes de violence, elles sont souvent criminalisées. Le cas de la Mexicaine Valentina Rosendo Cantú est un exemple parmi tant d’autres qui montre que le droit à la justice pour les femmes ne va pas encore de soi mais implique plutôt une lutte et de grands risques. Valentina appartient au groupe indigène des Me’phaa dans l’état de Guerrero. En 2002, elle est battue et violée par des soldats mexicains. C’est seulement douze ans plus tard, après une longue lutte, que le Ministère public a engagé une procédure pénale à l’encontre des auteurs de l’agression.
Les femmes qui s’engagent pour les droits humains sont, en raison de leur sexe et de leur activisme, doublement en danger. Dans les sociétés patriarcales au Guatemala, au Honduras, en Colombie, au Mexique, en Indonésie et au Kenya, pays dans lesquels PBI mène des projets, les femmes qui s’engagent pour la protection des droits humains sont dénigrées et on leur reproche de négliger leur rôle traditionnel de femme. Valentina Rosendo Cantú l’a appris à ses propres dépens en étant rejetée par sa communauté, quittée par son mari et exposée aux moqueries et insultes de la part des fonctionnaires du gouvernement durant plusieurs années. Les activistes sont privées de l’accès aux ressources, les membres de leurs familles sont menacés et elles sont souvent victimes d’abus sexuels. Tout cela pour les empêcher de s’engager pour leurs droits et ceux de ces communautés.
C’est pour ces raisons que PBI accompagne les activistes très souvent menacées dans tous les projets de pays. Les thèmes « Femmes dans les zones de conflits » et « Protection des femmes activistes » sont centraux dans le travail de PBI. L’organisation réclame auprès des autorités la mise en œuvre de la résolution 1325, en particulier des mesures de protection pour les femmes qui s’engagement pour la paix.
L’engagement de la Suisse
En 2007, la Suisse fut un des premiers pays à adopter un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 et des suivantes. Celui-ci intègre tous les aspects de la politique de la paix, de la politique humanitaire ainsi que les activités concernant la coopération au développement de la Suisse. Cette dernière est actuellement active dans 42 conflits et contextes fragiles parmi lesquels le Guatemala et la Colombie. Elle soutient, dans les deux pays, des projets de renforcement politique et économique des femmes, la lutte contre les violences fondées sur le sexe et la prise en charge psychosociale des femmes qui sont victimes de ces violences. Au Guatemala et en Colombie, la Suisse s’engage surtout pour le traitement du passé afin de mettre fin à l’impunité.