Les femmes au Mexique, en particulier les défenseuses des droits humains, sont fréquemment exposées à des violences, et ceci déjà bien avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Les mesures prises par le gouvernement pour contenir le virus ont exacerbé ce problème structurel et consolidé le climat d'impunité pour les violations des droits humains.
Au cours des six premiers mois de cette année, le nombre de fémicides au Mexique a augmenté de plus de 9 % par rapport à 2019. En avril 2020, le nombre de femmes victimes d'homicides a même atteint son plus haut niveau depuis le début des enregistrements en 2015. En outre, la pandémie a paralysé une grande partie des autorités, ce qui a largement perturbé les mesures de prise en charge des personnes touchées.
Manque de soutien de la part de l'État
En conséquence, plus d'appels d'urgence ont été effectués en rapport avec des incidents de violence contre les femmes qu'à tout autre moment depuis le début des enregistrements en 2016. Ceci n’est pas pris suffisamment au sérieux par l'État. Les organisations de défense des droits humains sont préoccupées par la déclaration faite par le président mexicain lors d'une conférence de presse en mai, selon laquelle 90 % des appels d'urgence enregistrés pour des incidents de violence contre les femmes seraient des faux.
Par ailleurs, Amnesty International Mexique condamne la réduction de 151 millions de pesos mexicains (plus de 6,3 millions de CHF) du budget de l'institut national des femmes "Inmujeres" annoncée le 15 juillet. Selon la directrice d'Inmujeres, Nadine Gasman, il s'agit non seulement d'un coup dur pour le budget d'Inmujeres, mais aussi d'une réduction du budget de l'ensemble de l'administration publique nationale. Cette réduction est intervenue le jour après que le président ait assuré qu'il n'y aurait pas de réduction budgétaire et que les femmes mexicaines au Mexique n'avaient jamais été aussi bien protégées qu'aujourd'hui.
En conséquence, les femmes se mobilisent dans les rues et exigent que l'État réponde à l'injustice.
Régression dans la lutte pour les droits humains
Les défenseuses des droits humains et les journalistes sont particulièrement victimes de graves agressions ; rien qu'entre janvier et juin 2020, plus de 260 incidents ont été enregistrés, allant de la diffamation et de la criminalisation au meurtre. Yésica Sánchez Maya, de l'organisation féministe des droits humains Consorcio Oaxaca, qui est accompagnée par PBI, déclare:
«Nous revenons à nos luttes initiales pour les droits humains, à nos luttes pour nos droits civils et politiques, aux luttes que nous pensions avoir gagnées depuis longtemps. Ces régressions de l'État nous renvoient aux défis de notre programme thématique.»
PBI Mexique reconnaît la situation difficile des femmes, aggravée par la pandémie. Le projet appelle les autorités et la société internationale à mettre en place les mécanismes nécessaires pour répondre à la situation difficile des femmes au Mexique afin que leur intégrité et le travail des défenseuses des droits humains puissent être garantis.