PBI Mexique rapporte avec inquiétude l’assassinat de 15 membres de la communauté de San Mateo del Mar (Oaxaca) en juin 2020. La communauté s’oppose aux grands projets d’énergie éolienne de la région. Malgré plusieurs incidents violents contre des militant∙e∙s écologistes, aucune mesure de protection n'est prise. PBI et d'autres organisations de la société civile lancent un appel aux autorités compétentes à enquêter sur l'incident, ainsi qu’à poursuivre les coupables.
Dans la nuit du 21 juin 2020, treize hommes et deux femmes ont été brutalement assassiné∙e∙s à Huazantlán del Río. Les membres de la communauté autochtone d'Ikoots à San Mateo del Mar auraient dû assister à une réunion des autorités locales. Or, sur le chemin de Huazantlán, un groupe de personnes armées et masquées a attaqué les délégué∙e∙s avec des armes à feu au milieu de la rue. Ce n'est que 24 heures après l'incident que les victimes ont passé un examen médico-légal et que les preuves ont été relevées.
Ikoots contre les projets d'énergie éolienne
La communauté autochtone d’Ikoots résiste depuis une décennie à un important projet d’énergie éolienne dans la région de l'isthme de Tehuantepec près de San Mateo del Mar. L'État de Oaxaca exploite actuellement 28 parcs éoliens et produit la moitié de l'énergie du Mexique. La région de l'isthme, qui est particulièrement populaire auprès de nombreuses sociétés transnationales en raison de ses vents forts, n'est pas excessivement menacée d'un point de vue écologique. Toutefois, c'est une zone historique ainsi que sacrée pour les Ikoots. San Mateo del Mar a fait usage de son droit de prendre une décision uniquement par un consensus préalable. C’est par ce moyen qu’elle, ainsi qu’une autre ville, ont pu arrêter le projet d’énergie éolienne dans la région, préservant de ce fait les lieux sacrés de leur culture et de l'industrie de la pêche.
Les demandes de protection se font de plus en plus pressantes
En mai 2020, lorsque le conflit a connu une nouvelle montée de violence, les habitant∙e∙s de San Mateo ont exigé du gouvernement des mesures de précaution et des arbitres impartiaux afin de garantir la sécurité de la communauté ainsi que d'empêcher que le conflit ne dégénère davantage. Aucune réponse n’a été apportée à cette demande. Ceci est extrêmement inquiétant car le Mexique est l'un des pays les plus dangereux à l’encontre des défenseurs∙euses de l'environnement. Selon le dernier rapport du Centro Mexicano de Derecho Ambiental (CEMDA), il y a eu 83 meurtres de militant∙e∙s écologistes et 499 attaques contre des défenseurs∙euses de la terre entre 2012 et 2019. L'État de Oaxaca a enregistré le plus grand nombre d'attaques au Mexique.
Face à cette situation grave, caractérisée par l'intimidation, la violence et l'absence du gouvernement, de nombreuses organisations de la société civile - dont EDUCA, accompagnée par PBI - exigent le respect et la reconnaissance de la culture tout comme celle des institutions des Ikoots. Elles appellent également à la garantie d'élections libres et autonomes qui seraient conformes à la forme traditionnelle de gouvernement des Ikoots. PBI soutient l'appel lancé aux institutions étatiques compétentes afin de clarifier la situation, identifier et poursuivre les coupables. L’objectif est de garantir la sécurité de tous les membres de la communauté de San Mateo del Mar ainsi que de toutes les personnes qui s’engagent pour l'environnement.