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ONU/ Suisse : Les défenseurs s’opposent à des mégaprojets

ONU/ Suisse : Les défenseurs s’opposent à des mégaprojets

Le 16 novembre, PBI co-organisait un événement parallèle au Forum des Nations Unies sur les entreprises et les droits humains axé sur la situation des défenseurs en lutte contre des mégaprojets dans le domaine de l’industrie extractive.

Lors de son discours d'ouverture empreint d’émotion, Laura Zuniga Cáceres a dénoncé la situation des droits humains au Honduras et les mégaprojets, financés par des investisseurs étrangers, conduisant souvent à des menaces, à des violences et à des assassinats. Dans la lutte pour la protection de l'environnement, sa propre mère, Berta Cáceres, est l’une des nombreuses activistes ayant perdu la vie.

"Nous allons continuer à lutter pour notre Terre Mère et pour les droits des peuples autochtones qui sont victimes de discrimination en raison des intérêts économiques." Laura Zuniga Cáceres

Un travail à très haut risque pour les défenseurs des droits humains (DDH)

L'Amérique latine est l'une des zones les plus dangereuses pour les activistes en faveur de la protection de l’environnement. Au cours des six premiers mois de cette année, 63 d’entre eux ont déjà été tués. Omar Jerónimo, DDH guatémaltèque qui était invité par PBI à participer au panel de discussions lors de l’événement parallèle, a d’ailleurs lui aussi été agressé et menacé à plusieurs reprises. Dans son discours, il a souligné que la corruption des institutions de l'État pose un gros problème : au lieu de respecter les intérêts et la vie de leurs peuples, ils représentent les intérêts économiques et n’y vont pas de main morte avec les DDH.

La responsabilité des entreprises et des gouvernements étrangers

Les entreprises portent une grande responsabilité puisqu’elles n’examinent qu’insuffisamment les partenaires avec qui elles vont travailler et les conséquences de cette coopération pour la population locale. Cependant, Heloisa Covolan de la société brésilienne Itaipu Binacional, a assuré que son entreprise a toujours misé sur le dialogue avec toutes les parties prenantes. Les entreprises ont la possibilité d'influencer les gouvernements et de veiller à ce que la voix du peuple soit entendue. D’ailleurs, les gouvernements étrangers, des pays d’origine des entreprises, doivent également assumer une part de responsabilité. A ce sujet, Rémy Friedmann du DFAE a souligné l’importance pour la Suisse de promouvoir les droits humains et la défense des DDH. Ainsi les ambassades sur place pourraient jouer un rôle important en entrant en contact à la fois avec les DDH, avec les ONG locales, de même qu’avec les autorités. En Amérique latine, quelques sociétés suisses, mais surtout canadiennes sont actives dans le domaine de l’extraction de ressources. Un représentant du gouvernement canadien a ainsi brièvement pris la parole et exprimé ses inquiétudes quant à la situation des DDH, reconnaissant que le risque reste élevé et que des améliorations sont possibles.

Les militants ont leur mot à dire

Pour beaucoup de DDH qui sont régulièrement victimes de violence et qui perdent trop souvent des membres de leurs familles et ou des amis, ces déclarations n’ont probablement pas été d’un grand réconfort. Si la participation du public a été très élevée, la majorité des militants qui ont pris la parole provenaient d’Amérique Latine. Au contraire, les interventions des gouvernements et des entreprises se sont faites rares. C’est problématique d’en arriver à l’assassinat, dans ce cas, de Berta Cáceres, pour que quelque chose se passe enfin. Il est essentiel que les entreprises et les autorités respectent les décisions des communautés, respectent les accords conclus et réparent les dommages. En Suisse, l’initiative pour des multinationales responsables qui a abouti en mai dernier donnera la possibilité au peuple suisse de voter. Il sera question d’obliger les entreprises à faire face à leurs responsabilités à l’étranger, également, et à respecter les droits humains.

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