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Petén - le département oublié du Guatemala

Petén - le département oublié du Guatemala

A la mi-juin, Corsin et Marco, nos deux volontaires suisses, étaient 10 jours dans le département du Petén, situé tout au nord du Guatemala. Ils y ont, entre autres, visité deux communautés qui ont été déplacées de force il y a des années et doivent, depuis, lutter pour leur survie.

Visite de deux villages déplacés

Outre la rencontre avec les organisations sociales et autorités locales, nous avons donc visité deux villages expulsés il y a quelques années des zones de protection de la nature.

Centro 1

Le 16 juin 2009, les forces de sécurité ont évacué de force ce village rural hors du Parc national Sierra del Lacandón, alors qu’ils y étaient établis depuis les années 80. L’expulsion a été menée en complète violation des protocoles édictés par l’ONU sur le sujet. Les 600 unités militaires et policières ont laissé aux familles 30 minutes pour empaqueter toutes leurs affaires avant de les amener par camions dans la capitale régionale et de les y abandonner à leur sort sans nourriture ni logement. Jusqu’à aujourd’hui - soit 7 ans après leur expulsion forcée - les villageois n’ont rien obtenu de l’état : ni habitation, ni territoire. Beaucoup de familles mènent une lutte quotidienne pour leur survie. L’expulsion de 2009, la bureaucratie de l’Etat et - selon les villageois - l’absence de volonté des institutions gouvernementales ont ainsi généré une extrême pauvreté et une situation humanitaire précaire. A la fin de l’an dernier, l’un des villageois est même décédé des suites de sa sous-alimentation chronique.

Triunfo de la Esperanza

C’est en 2011 que les autorités ont ordonné l’évacuation de cet autre village, à la suite de quoi, comme pour Centro 1, les forces de sécurité ont incendié les maisons et récoltes et saisi le bétail. Les habitants se sont ensuite réfugiés pendant 18 mois au Mexique, juste à la frontière avec le Guatemala. Cela a déclenché un conflit entre les deux pays, poussant les autorités guatémaltèques à promettre, sous la pression internationale, aux villageois de reconstruire leurs maisons en dehors de la zone de protection de la nature. Quatre ans plus tard et malgré les promesses, le village n’est toujours pas alimenté en eau et seules 13 des 67 maisons promises ont été construites. Depuis plus d’une année, le projet est suspendu par manque de moyens financiers des autorités. L’école a été construite uniquement grâce à un projet universitaire et avec l’aide des villageois. Mais pour l’instant, il n’y a que trois salles disponibles pour les 4 classes, forçant certains élèves à avoir cours dans le couloir. Toutefois, avec l’élection du nouveau gouverneur de la région, il y a eu quelques maigres progrès. Quelques semaines après sa prise de fonction, il a reconnu la délégation villageoise, ce que son prédécesseur avait toujours refusé pendant ses 4 ans de présidence pour des raisons de différends personnels avec les habitants.

Entre frustration et espoir

Ces 10 jours au Petén ont été remplis d’émotions diverses. Nous avons été déçus que plusieurs institutions étatiques ne voient aucun intérêt à améliorer la situation en matière de droits humains dans la région, bien qu’elles soient parfaitement au courant des violations commises. Mais nous sommes tout de même rentrés remplis d’espoir et de joie de voir tant de personnes qui s’engagent pour leurs droits de manière pacifique depuis de nombreuses années et qui vont continuer à le faire parce qu’elles sont convaincues de pouvoir changer les choses. PBI est l’une des rares organisations à réaliser des visites régulières au Petén et permet de garantir que l’espace d’action politique reste ouvert pour ces personnes. En ce qui concerne les droits humains, le Petén est et restera encore un département oublié.

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