Début 2025, Salome Beer, Elena Cob et Natalie Weber, trois étudiantes de l'Université de Genève, ont rejoint PBI Suisse dans le cadre d’un projet académique. Elles ont activement contribué à des actions de communication et de plaidoyer menées lors de la 58e session du Conseil des droits de l'homme: rédactions d'articles, animation des réseaux sociaux, participation aux interventions officielles, échanges avec des défenseur·euses des droits humains et organisation d'un événement public. Une immersion concrète dans le travail de PBI, qu’elles racontent ici en cinq questions.
1. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait votre projet avec PBI?
Elena Cob: Dans le cadre d’un cours universitaire sur la gestion de projets, nous avons eu la chance de collaborer avec PBI Suisse. Sous la supervision de Yannick Wild, notre mission principale était de soutenir le travail d’un groupe de défenseurs·euses des droits humains venu de Colombie lors de leur participation au 58e Conseil des droits de l’homme à l’ONU à Genève. Cela a impliqué des tâches variées : recherche de fonds, rédaction de documents de plaidoyer, réunions préparatoires avec les personnes défenseuses, gestion des réseaux sociaux, accompagnement pendant la session du Conseil et organisation d’un événement de sensibilisation à l’Université de Genève. Ce projet nous a permis de voir toutes les étapes de la planification et la gestion de ce projet, et de mieux comprendre les réalités du plaidoyer international et l’implication concrète qu’il demande.
2. Qu'est-ce qui a motivé votre désir de collaborer sur un projet commun avec PBI?
Natalie Weber: Je dirais qu’il y a trois principales raisons qui m’ont motivée à rejoindre ce projet:
Tout d’abord, j’avais très envie de découvrir le travail au sein d’une ONG et de voir le fonctionnement du système des Nations unies d’un point de vue pratique, au-delà de ce qu’on apprend dans les livres. Je sentais que mes valeurs étaient très proches de celles de PBI — en particulier le principe de non-ingérence — ce qui m’a vraiment enthousiasmée à l’idée de collaborer avec eux.
Ensuite, l’opportunité d’accompagner des défenseurs·euses des droits humains avait beaucoup de sens pour moi. J’étais ravie de pouvoir échanger avec eux·elles et de les soutenir autant que possible. Dès le début, j’ai eu le sentiment que c’était une manière précieuse d’apprendre ce qui se passe concrètement sur le terrain et de rencontrer des membres de communautés aussi résilient·e·s.
Et, sur une autre note, j’étais aussi contente à l’idée de pouvoir pratiquer mon espagnol!
3. Qu'est-ce que cette expérience vous a apportée?
Natalie Weber: Honnêtement, cette expérience m’a énormément appris! Je me souviens qu’après les premières réunions, on avait presque de la fumée qui nous sortait des oreilles tant il y avait d’informations nouvelles à assimiler. Il y a eu de nombreuses leçons précieuses — par exemple, j’ai pris conscience à quel point le réseau transnational de plaidoyer est interconnecté.
C’était fascinant de voir comment différentes ONG collaboraient pendant le Conseil des droits de l’homme, que ce soit à travers des briefings communs ou des événements parallèles. Quand les organisations partagent des objectifs ou des priorités similaires, ce type de coopération permet non seulement d’économiser des ressources, mais rend aussi le travail plus stimulant et dynamique. Cela dit, il y a aussi des défis. Travailler dans différents fuseaux horaires voulait parfois dire rester éveillé·e tard pour des réunions. Ce genre de coopération demande vraiment d’être flexible et réactif·ve: il faut savoir agir rapidement, tout en étant capable d’attendre des retours venant des quatre coins du monde. C’est un processus vraiment impressionnant.
J’ai aussi beaucoup appris sur l’importance de la discrétion et sur la manière de protéger les informations sensibles concernant les défenseurs·euses des droits humains. C’est le genre de choses que je n’aurais jamais pu apprendre dans un cadre académique classique.
4. Qu'avez-vous retenu de vos échanges avec les personnes défenseuses des droits humains?
Salome Beer: Dans le cadre de notre projet, nous avons pu accompagner plusieurs personnes défenseuses des droits humains et avoir des échanges approfondis avec elles — que ce soit par des interviews formelles pour la rédaction d'articles ou lors de discussions informelles entre les réunions. Nous avons été profondément impressionnées par leur engagement et la résistance avec laquelle elles poursuivent leur lutte pour les droits fondamentaux malgré des conditions souvent hostiles. Le contact avec elles m'a également fait comprendre que les personnes défenseuses des droits humains sont des personnes ordinaires — beaucoup d'entre elles auraient mené une vie professionnelle ordinaire dans d'autres circonstances, mais se voient contraintes de défendre leurs droits et ceux de leurs communautés en raison des circonstances locales.
Les échanges avec elles nous ont permis de mieux comprendre les réalités et les défis locaux, ainsi que les stratégies qu'elles mettent en œuvre pour y faire face. Enfin, j'ai davantage pris conscience de l’urgence d’un soutien concret, durable et solidaire, tant au niveau local qu'international.
5. Quel message désirez-vous transmettre à d'autres étudiant·e·s qui souhaiteraient s'engager dans la défense des droits humains, ici ou ailleurs?
Salome Beer: Je leur dirais de ne pas sous-estimer la portée de leur engagement, aussi modeste qu'il puisse paraître au départ. La défense des droits humains est avant tout un chemin de solidarité, d'écoute et de remise en question. Il n'est pas nécessaire d'être un·e expert·e ou d'avoir toutes les réponses pour s'engager: chaque action compte, chaque voix a du poids. Ce qui importe, c'est la sincérité de la démarche, la volonté d'apprendre et de se rendre utile partout où c'est possible.
Je les encourage à aller à la rencontre de ceux qui défendent les droits humains au quotidien, à leur parler et à apprendre de leur expérience. Le monde a besoin de jeunes conscients des injustices et prêts à agir avec conviction, respect et humanité.
Enfin, je veux qu'ils sachent que même face à de grands défis, ils ne sont pas seuls. Il existe des communautés et des organisations — comme PBI — qui partagent les mêmes valeurs, et ce n'est qu'ensemble que nous pouvons faire la différence.
L’équipe de PBI Suisse remercie chaleureusement Elena, Natalie et Salome pour leur soutien, leur engagement et leur motivation!
Plus d’informations:
- La voix des territoires: Interview avec Milbia Andrea Díaz au Conseil des droits de l'homme, PBI Suisse, 13.03.2025
- Événement passé: Creating Peace in Colombia: The crucial role of peacebuilders, 05.03.2025
- HRC58: PBI au Conseil des droits de l’homme, PBI Suisse, 04.04.2025