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Suisse : Entretien avec Manon Yard, le nouveau visage de PBI à Genève

Suisse : Entretien avec Manon Yard, le nouveau visage de PBI à Genève

Promue au poste de chargée de plaidoyer à Genève après une année de volontariat au Mexique, Manon Yard a désormais la délicate et exaltante mission de sensibiliser les instances internationales aux thématiques des différents projets de Peace Brigades International (PBI). Aux premières heures de ce nouveau défi, celle que l’on peut surnommer « le nouveau visage de PBI à Genève » se livre à cœur joie dans cet entretien avec Etonam.

Dans quel état d’esprit s’effectue votre prise de fonction ?

Comme pour tout nouveau travail, j’ai eu un peu de crainte au début. Ce n’est pas facile de quitter fraîchement le terrain où on travaille en équipe de six pour tenir toute seule un bureau à Genève. Mais, j’ai pris le temps de préparer ma prise de fonction avec ma prédécesseure et toute l’équipe de PBI. Maintenant, l’heure est au travail et il faut vraiment foncer !

En quoi consiste votre mission en tant que chargée de plaidoyer de PBI à Genève ?

Ma mission consiste principalement à faire la liaison entre les différents projets de PBI et les organisations internationales et missions diplomatiques basées à Genève. Ce n’est pas toujours évident que les voix des défenseurs de droits humains des régions où nous intervenons parviennent aux instances internationales. Nous accompagnons, par exemple dans le cadre de la thématique « entreprises et droits humains », des communautés qui s’opposent de façon non violente à l’installation de multinationales sur leurs terres et qui sont menacées. Il me revient donc d’apporter l’éclairage nécessaire en vue d’améliorer la compréhension des enjeux, en suivant les discussions qui se déroulent sur le sujet à Genève et en apportant des contributions à partir des apports des projets de PBI sur le terrain. Je suis également chargée de faire du lobbying pour que les préoccupations de PBI sur la défense des droits humains, dans les pays où nous intervenons, soient prises en compte lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. A vrai dire, les responsabilités de ce poste sont nouvelles comparées à celles que j’ai eues à exercer en tant que volontaire. Mais, quand je pense aux dures réalités vécues aux côtés des populations mexicaines, je suis très motivée à tout donner pour réussir ma mission.

En quoi l’expérience de volontaire vous est-elle si importante ?

Sur le terrain, j’ai été confrontée à des thématiques assez lourdes et pesantes. Au sein de l’équipe Nord de PBI Mexique, j’ai accompagné deux organisations mexicaines - les centres de droits humains Paso del Norte et Fray Juan de Larios - qui assistent les familles dans la recherche de leurs proches victimes de disparition. Ce phénomène gangrène le Mexique où treize personnes sont chaque jour portées disparues selon le journal d’investigation mexicain Proceso. La douleur des hommes et femmes qui s’interrogent sans réponse sur la situation d’un proche disparu (est-il vivant ou mort ?, a-t-il mangé ou pas ?) a fini petit à petit par m’affecter. C’est une torture permanente pour ces familles et le peu d’avancées dans la recherche des disparus peut vite donner envie de peindre le monde tout en noir. Heureusement, je perçois aujourd’hui le monde avec optimisme et crois que tous ensemble nous pouvons contribuer à le rendre meilleur parce que PBI valorise les petits succès, qu’ils soient les nôtres ou ceux d’organisations accompagnées.

Forte de cette conviction, je compte exercer mes fonctions avec enthousiasme, détermination et sourire. Tout comme le font les militants des organisations mexicaines qui continuent de lutter pour les droits humains malgré les intimidations, menaces et atrocités auxquelles ils font face. Je n’ai pas été découragée au Mexique, alors ce n’est pas à Genève que je le serai ! 

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