Une coalition formée de plus de 60 organisations suisses, dont PBI, a lancé l’initiative pour des multinationales responsables le 21 avril 2015. L’objectif de l’opération est de faire en sorte que les entreprises helvétiques respectent les droits humains et les standards internationaux en matière d’environnement.
Que ce soit Shell au Nigéria, Dow Chemical à Bhopal ou les entreprises de mode implantées dans des pays où les salaires sont bas : depuis des décennies, la liste des cas de violations des droits humains et de destruction de l’environnement par les entreprises ne cesse de s’allonger. Dans ce domaine, les entreprises suisses ne sont pas une exception. Le Business & Human Rights Resource Centre répertorie sur son site depuis plus de dix ans les reproches faits aux entreprises en matière de violations des droits humains. Parmi ces données, les sociétés ayant leur siège en Suisse la placent au neuvième rang des pays à qui le plus de reproches sont adressés par rapport aux violations des droits humains. Si l’on considère la taille de l’économie helvétique, la Suisse pointe même à la cinquième place.
Pourquoi cette initiative est nécessaire ?
Alors que ces dernières années, l’existence de problème a été reconnue, les mesures se font encore attendre. Les efforts en vue d’introduire par voie parlementaire des règles contraignantes pour les entreprises sont au point mort. Le Conseil fédéral et le Parlement ne sont pour l’instant pas prêts à formuler des exigences fermes pour les sociétés établies en Suisse. Outre les mesures prises de manière volontaire par les entreprises, il est nécessaire que des mesures juridiquement contraignantes leur soient imposées. L’initiative pour des multinationales responsables vient ainsi répondre à cela afin de pouvoir agir efficacement contre l’exploitation des êtres humains et de la nature par les entreprises helvétiques.
Que demande l’initiative ?
L’initiative pour des multinationales responsables demande que les sociétés soient tenues de protéger les droits humains et l’environnement dans l’ensemble de leurs relations d’affaires. Ce devoir de diligence s’applique également à leurs activités à l’étranger. Pour les entreprises, le premier pas consiste à s’assurer qu’elles ne sont pas responsables de violations des droits humains ou de dégâts sur l’environnement. Si c’est le cas, elles doivent mettre en place des contre-mesures efficaces. Enfin, elles doivent publiquement rendre compte des risques liés aux droits humains et à l’environnement ainsi que des mesures prises en conséquence. Ce devoir de diligence provient des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme adoptés en 2011.
Pourquoi PBI soutient cette initiative ?
Dans les pays où nous avons des projets, les équipes sont confrontées au quotidien avec la problématique des entreprises qui ignorent les droits humains des communautés locales. Cela concerne particulièrement PBI dans le domaine de l’exploitation des ressources naturelles, comme dans les cas de mines ou du secteur de l’énergie qui voient des mégaprojets être mis en place dans des zones sans l’assentiment des communautés locales qui y vivent. Ces dernières sont parfois déplacées de force et sont ainsi dépouilées de leurs moyens de subsistance. Par ailleurs, les dégâts sur l’environnement générés par l’exploitation minière et les menaces que cela constitue pour les personnes qui vivent dans les alentours immédiats sont légion (cf Facing Peace de mars 2015). Lorsque les activistes environnementaux ou les défenseuses et défenseurs des droits humains luttent contre les entreprises comme ils en ont légitimement le droit ils sont confrontés à une hostilité ouverte, ils sont menacés voire même assassinés. Pour toutes ces raisons, il est central pour PBI que les entreprises assument leurs responsabilités et respectent les droits humains et les standards environnementaux.
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