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Suisse : Venue de Pedro Tzicá du Guatemala

Suisse : Venue de Pedro Tzicá du Guatemala

L'activiste guatémaltèque Pedro Tzicá était en Suisse du 7 mars au 11 mars 2016. Durant sa présence sur le sol hévétique, il a pris la parole à l'ONU, lors du Festival International et Forum des droits de l'Homme à Genève, au collège Saint-Michel à Fribourg, ainsi qu'au DFAE et lors d'un évènement public à Berne, portant sur les mégaprojets économiques menaçant la population indigène dans la région de Quiché.

Lundi 7 mars – Side event aux Nations unies: Protection needs of human rights defenders working on economic, social and cultural rights – Challenges and good practices

Lors d’un événement parallèle organisé dans le cadre du Conseil des droits de l’homme aux Nations Unies, Pedro Tzicá a eu l’opportunité de témoigner notamment aux côtés du Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits humains (DDH) Michel Forst et de l’ancienne Haut-Commissaire des droits humains Navi Pillay. Pedro a ainsi pu expliciter le rôle des défenseuses et défenseurs des droits humains (DDH) dans les communautés du Quiché, au Guatemala, à savoir s’assurer le respect des droits humains et de la communauté tout comme celui de la nature dans le développement de projets industriels (hydroélectricité, mines). Les communautés font en effet face à des menaces provenant du gouvernement mais aussi des entreprises qui considèrent que s’opposer aux projets signifie surtout s’opposer au développement du pays.

Pedro a également rappelé l’importance du respect de la nature qui est l’élément central permettant de créer un dialogue entre les trois acteurs : « sans la nature, ni le peuple, ni le gouvernement, ni les entreprises ne peuvent vivre ! ».

Mercredi 9 mars – Café des libertés : Entreprises et droits humains : quels terrains d’entente ?

Dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains, Pedro Tzicá a pu débattre en compagnie de Jacques Zwahlen, ancien directeur général de Veillon, et de Gilles Carbonnier, professeur d’économie du développement au Graduate Institute.

Gilles Carbonnier a rappelé que l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a mis en place un guide sur le devoir de diligence qui conseille notamment la création d’un espace de dialogue avec la population. De ce fait, le terrain d’entente est possible, mais cela dépend de l’institution étatique, impartiale en Norvège ou absente au Congo par exemple. Il conclut donc qu’un terrain d’échange est possible, mais qu’il reste souvent entravé par la relation inégale de pouvoir. Les ONG sont donc essentielles pour redistribuer ce pouvoir tant au niveau global que local.

Pedro Tzicá a pu démontrer comment ces principes de diligences ne sont pas respectés sur le terrain, prenant son pays en exemple. Les entreprises se consacrent toujours plus à l’extraction minière et à l’exploitation des ressources naturelles sans respecter les droits humains, sans informer ou dialoguer avec la population et ceci avec la complicité du gouvernement. Selon le site internet du Ministère de l’énergie et des mines, l’Etat guatémaltèque a délivré à ce jour 343 licences d’exploitation à des entreprises alors que 611 autres sont en attente. Pedro a rappelé le paradoxe entre la préoccupation grandissante des pays face au réchauffement climatique et leur conduite politique en matière d’exploitation des ressources. Il a conclu en précisant que les DDH guatémaltèques se battent non seulement pour préserver la nature et les peuples autochtones, mais aussi pour la sauvegarde de toute l’humanité, appelant les habitants de la planète à se solidariser entre eux.

Jacques Zwahlen a, quant à lui, expliqué que le terrain d’entente peut être formé en encadrant les conditions de travail au niveau des entreprises étrangères partenaires. Les bénéfices que l’entreprise peut en tirer sont premièrement une image plus éthique, une diminution du risque de sanction, le tout n’entraînant pas forcément de coûts additionnels bien que la production soit quelque peu ralentie. En Suisse, l’initiative pour des multinationales responsables, actuellement en récolte de signature, permettrait de poser un cadre pour les entreprises suisses actives à l’étranger.

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