Le webinaire du 9 décembre 2020 a abordé l'impact des mégaprojets dans le sud du Mexique, la résistance des communautés autochtones et le rôle du programme de développement durable des Nations unies.
Malgré la pandémie, le gouvernement d'Andrés Manuel López Obrador continue à promouvoir la mise en œuvre rapide de mégaprojets d'infrastructure au nom du développement économique du pays. Cependant, ces mégaprojets sont mis en œuvre sans tenir compte les impacts négatifs sur l'environnement et les communautés touchées. Dans les régions où les investissements internationaux sont importants, le niveau de violence est très élevé.
Les personnes, les organisations et les communautés qui s'opposent pacifiquement aux mégaprojets subissent quotidiennement des persécutions et des attaques. Toutefois, ils∙elles continuent à lutter. Leurs vies et leurs terres sont en jeu. Ils∙elles se battent pour un développement qui place les objectifs de durabilité et non le profit au centre.
Le projet Integral Morelos
L'un de ces projets qui avance malgré une forte opposition est le "Proyecto Integral Morelos", qui comprend un gazoduc de 160 km, un long aqueduc et deux nouvelles centrales électriques au gaz. L'aqueduc privera les communautés environnantes d'eau et donc de leurs moyens de subsistance.
Les émissions toxiques dans l'atmosphère ainsi que la pollution de l'eau et la menace pour les écosystèmes délicats par le rejet de l'eau chauffée ne sont que quelques-unes des conséquences, a rapporté l'activiste Samantha Cesar. La population locale n'a été ni consultée ni dûment informée du projet par le gouvernement. Les libertés d'opinion, d'expression et de réunion ne sont pas respectées et les personnes qui résistent sont diffamées et menacées. Le 20 février 2019, Samir Flores Soberanes, un activiste qui résistait au gazoduc, a été abattu devant son domicile.
Il est également inquiétant que le gouvernement n'ait jamais rendu compte publiquement des risques d'activité sismique et du volcan Popocatepetls, qui est situé juste à côté des centrales électriques et du gazoduc et qui est toujours actif, a déclaré Cesar. Selon Cesar, les raisons de la construction des deux centrales ne sont pas non plus évidentes. Le Mexique a déjà une surproduction d'énergie de 40 % et n'a pas besoin d'énergie supplémentaire. La population craint que le projet intégral Morelos n'ouvre la voie à d'autres projets de grande envergure et à l'industrie.
Ce projet n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres méga-projets controversés au Mexique. Le webinaire a également traité en profondeur du projet Corredor Transístmico dans l'État d'Oaxaca, où la construction des voies ferrées pour le train dit Maya provoque actuellement de fortes tensions en raison de l'impact négatif sur les personnes et la nature.
Objectifs de durabilité et engagement de l'Europe
Les 17 objectifs de développement durable (SDG) définis par l'ONU, qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2016 pour une durée de 15 ans, n'ont pas pris en compte les perspectives des communautés indigènes, et ils présentent également certaines contradictions : par exemple, l'objectif de croissance économique est souvent en conflit avec l'objectif de gestion durable des ressources naturelles. Aujourd'hui, dans des pays comme la Suisse ou l'Allemagne, les objectifs économiques l'emportent sur les objectifs sociaux et environnementaux.
L'Institut d'écologie et d'ethnologie d'action INFOE en Allemagne, représenté sur le webinaire par Sabine Schielmann, soutient les communautés indigènes à un niveau stratégique et en termes de développement durable en défendant leur habitat, leurs droits et leur culture.
PBI plaide pour que la Suisse et l'UE restent centrées sur les droits humains, respectent les peuples autochtones et les normes environnementales.
Intervenant∙e∙s:
- Samantha Cesar Vargas: membre du Frente de Pueblos en Defensa de la Tierra y del Agua Morelos, Puebla y Tlaxcala (FPDTA-MPT)
- Carlos Beas: Coordinateur de l'Unión de Comunidades Indígenas de la Zona Norte Del Istmo UCIZONI à Oaxaca
- Sara Méndez: Coordinatrice du Comité de Défense Integral de Derechos Humanos Gobixha (CODIGO DH) à Oaxaca
- Sabine Schielmann: Coordinatrice du projet "Peuples autochtones et développement durable", INFOE à Cologne