Suite à son retour en Suisse après une année passée au Honduras, Yannick Wild nous raconte les protestations des étudiant-e-s de l’Université Nationale Autonome du Honduras (UNAH) qui luttent contre la privatisation de leur établissement depuis trois ans et qui tentent de faire entendre leurs voix.
Il nous explique qu’avant même son départ en tant que volontaire PBI au Honduras, il avait entendu parler de l’affrontement entre le rectorat et les étudiant-e-s de l’UNAH, à travers le blog de la journaliste hondurienne, Dina Meza. L’activiste est accompagnée par PBI depuis 2014 car elle fait fréquemment l’objet de menaces et d’attaques en raison de son engagement pour les droits humains.
Résistance contre la privatisation : une escalade de violence depuis juin 2015
Avec plus de 80'000 étudiants-e-, l’UNAH est la plus grande université du pays et offre une éducation relativement abordable. Néanmoins, depuis trois ans, les étudiant-e-s se mobilisent contre le rectorat.
Pour comprendre cette mobilisation de masse, il faut remonter au mois de juin 2015. À cette époque, la rectrice de l’université annonce une réforme dont le but à long terme est, selon le mouvement étudiant et les organisations non gouvernementales, la privatisation de l’institution. Suite à cette déclaration, une cinquantaine d’étudiant-e-s décident d’occuper plusieurs bâtiments de l’université pendant deux semaines. Ils veulent alors simplement faire entendre leur voix quant à l’avenir de leur université car ils n’ont pas été consultés dans le cadre de la mise en place de la réforme. Rapidement, la situation entre le rectorat et les étudiant-e-s se détériore. Depuis, trois d’entre eux ont été condamnés à cinq ans de prison, ce qui a contribué à une aggravation de la situation mais aussi à une escalade de la violence.
Trois ans après le début de la réforme, les étudiant-e-s réclament maintenant la décriminalisation des étudiants arrêtés ainsi que la démilitarisation de leur université. Selon Yannick Wild, au sein de l’université, certains parleraient même d’un conflit qui opposerait les étudiant-e-s à la police. Ces protestations ne sont pas sans danger dans un pays où, au cours des sept dernières années, plus de 21'000 étudiant-e-s ont été assassiné-e-s. Les étudiant-e-s ont également entrepris une grève de la faim afin d’obtenir des négociations avec la rectrice mais cela n’a pas porté ses fruits. L’action a été réprimée par les forces de l’ordre et diffamée par les médias. Le mandat de la rectrice a pris fin en septembre 2017, quelques mois avant les élections présidentielles. Cependant son successeur a annoncé qu’il poursuivrait la politique de privatisation de l’institution sans prendre en compte les revendications des étudiant-e-s.
- Consultez ici le témoignage complet de Yannick Wild (en allemand).
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